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Avant le départ : 

L’effet Libellule, c’est la rencontre des enfants du monde, en interrogeant le lien à la nature, dans les habitudes, les traditions et les croyances. C’est aussi l’immersion dans des environnements variés, allant de la forêt tropicale gabonaise à la jungle sri lankaise en passant par le lagon calédonien et les mangroves des Philippines. A l’automne 2019, c’est dans la vallée de Langtang, tout proche de la frontière tibétaine, dans la chaîne de l’Himalaya, que nous avons marché 6 jours, empruntant le sentier qui traverse la forêt humide, qui longe la rivière bleue, qui passe au-dessus des éboulis, qui traverse l’ancien village de Langtang rayé de la carte par le tremblement de terre et qui aboutit au pied  du Tserko Ri, une « colline » qui culmine à 4984 m d’altitude. 

Jour 1

Rando Tout-frais, Tout-beaux

Pour arriver à Syabru Besi, le village d’où part la randonnée, il faut compter une journée de bus depuis Katmandou. Et mieux vaut ne pas se fier aux promesses de wifi gratuit, air climatisé et places individuelles affichées au dos du bus sous le titre « Deluxe bus », sinon c’est la déception assurée ! A la place, vous aurez droit à de la musique indienne grésillant en boucle dans les hauts parleurs, une douce odeur qui s’échappe des cages à poules, de nouveaux passagers qui montent dans ce bus qui vous parait déjà plein à craquer et des pauses techniques pour réparer les amortisseurs.

Mais après ce voyage interminable et une bonne nuit à Syabru Besi, nous descendons vers la rivière accompagnés de Sonam notre guide et de son oncle Tsingy qui porte le gros de nos affaires. Ces deux Tamang viennent d’un village à 2h de marche d’ici. La rivière bleue est magnifique. Nous le longerons pendant toute la durée du trek. Elle est puissante et parsemée d’énormes rochers. Les nombreuses cascades alimentent ce flux dont la couleur apporte au paysage de la douceur. Cette rivière, nous la traversons à plusieurs reprises en passant sur d’étroits ponts de fer agrémentés de nombreux drapeaux de prière. Cette première partie du sentier est parsemée de nombreuses Tea-house, des hébergements ou restaurants qui proposent du thé à toute heure. Ça sera d’ailleurs la boisson du trek, à raison de 5 tasses par jour ! On teste donc le Massala tea, le Ginger Honey et le Hot Lemon. Il n’y a que le Tibetan tea, un thé au beurre, que nous n’aurons pas goûté. Il fait grand soleil et nous repensons à Charles – notre ami de la Réunion, double-finisher de la diagonale des fous – qui aime à conseiller « marche vite, cours lentement ». Nous nous approprions son adage en descendant d’un cran la difficulté : « marche vite, monte lentement » !

A 11h, Sonam nous annonce que c’est « Dhal Bath Time ». On s’arrête donc à la Tea-house où travaillent sa mère et sa cousine. Nous apprécions le plat composé de riz, curry de légumes, soupe de lentille et sauce pimentée. Nous ne sommes plus qu’à 1h de notre premier hébergement. C’est une première journée tranquille pour se mettre en jambe.


Jour 2

Rando Haute en couleurs

Après un départ à 8h, nous faisons la pause thé au « River Side », à 2769m d’altitude. Ça y est, on voit les sommets enneigés ! Il fait plus froid qu’hier, le soleil est timide, les gants et bonnets sont appréciés. Les guest-house commencent à s’espacer. Malgré une bonne hydratation et les ravitaillements en thé chaud, un petit mal de tête s’installe.

Le paysage est haut en couleur : le bleu de la rivière que nous avions commencé à admirée hier contraste maintenant avec les jeune et rouge des feuilles sur les arbres. Le blanc des sommets est de plus en plus présent et fait écho aux petites fleurs qui bordent le sentier (d’ailleurs, vu le nombre de pétales, bon courage pour savoir si c’est l’amour à la folie ou pas du tout !). Au sol, d’autres touches de couleurs : les emballages de barres céréales, chips ou bonbons jalonnent le chemin. Selon Sonam, ces déchets sont abandonnés par terre par les népalais. En effet, nous croisons des randonneurs qui sèment derrière eux les emballages de leurs encas et dans des guesthouses, des enfants jeter du polythène en direction de la rivière.

Le temps de la marche, c’est aussi le temps de réfléchir, d’échanger et d’enrichir ses pensées. Et l’on s’interroge sur tous ces déchets plastiques jetés dans la nature, s’il s’agit d’un geste qui s’explique par l’ignorance ou l’indifférence. En repensant aux enfants rencontrés lors des ateliers Effet Libellule, on opte pour la réponse de l’ignorance. Et si pour nous, la vue d’un paysage coloré par des bouteilles plastiques, des papiers de bonbons ou des cannettes d’aluminium nous hérisse le poil, c’est parce qu’on nous a enseigné et rabâché que c’est sale, c’est moche et c’est mal. Comprendre que derrière ces déchets, ce sont des rivières et des sols pollués, c’est venu dans un deuxième temps. Amener une discussion sur l’environnement avec des enfants qui ne partagent pas notre culture, n’ont pas reçu le même enseignement, n’ont pas les mêmes notions du bien et du mal et de l’esthétisme, c’était notre objectif avec ce projet.

Aujourd’hui encore, c’était une petite journée de marche puisqu’à 13h, on arrive déjà à la Bouddha Guesthouse. Le temps de poser les sacs et quelques gouttes tombent. A 32000m d’altitude et sans connexion internet, c’est le moment de bouquiner et d’écouter les podcast téléchargés « en bas » ! La nuit arrive tôt, le dîner aussi, l’occasion de fait une bonne et longue nuit avant de continuer l’ascension !  

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