Nous étions curieux de savoir comment les hommes et les femmes nés dans une capitale africaine, un village asiatique ou une île du Pacifique perçoivent l’avenir de notre planète. En effet, l'anthropologue P. DESCOLA souligne que la « nature » ne désigne pas la même chose dans les différentes cultures. Nous avons alors emprunté les outils de l’ethnographie pour apporter un début de réponse à la question “Comment varie la conscience écologique des Hommes en fonction de leur lieu de vie et de leur culture?”.
En allant à la rencontre des enfants, nous allons à la rencontre d’une culture. En effet, la culture précède l’arrivée de l’enfant, les représentations morales et sociales sont déjà établies. Ensuite, il se développe en lien étroit avec son environnement: par les liens affectifs, l’imitation ou encore les interdits. Cet environnement culturel va donc être déterminant dans sa représentation du monde. Prenons l’exemple du langage. Les indiens d'Amazonie ont par exemple un vocabulaire très riche pour décrire leur environnement, ce qui leur permet de se repérer dans la forêt amazonienne. En effet, «les mots étrangers sont des clés pour se glisser dans le monde des autres»*.
En étudiant les représentations des enfants, nous souhaitons identifier le rapport qu’ils entretiennent avec la nature à travers l’héritage culturel en interrogeant la notion de respect, de danger, de crainte, de responsabilité ou encore d’empathie.
Etudier et comparer des cultures demande d’être le plus possible en harmonie avec l’environnement étudié. Nous serons attentifs à certains biais possibles dans l’observation et l’analyse qui en découle: notre simple présence, les modes de pensée liées à notre propre culture ou encore les théories de la psychologie occidentale pour appréhender l’enfance.
L’expérience de la rencontre dans ce projet permettra également de réfléchir de manière critique sur notre propre culture et sur l’univers de sens auquel nous appartenons.
Ce projet n'est pas une étude ethnographique à proprement parler, le temps passé au contact des populations locales étant insuffisant. Cependant, en appliquant une approche systématique, grâce à des ateliers rigoureusement identiques, et en associant notre réflexion aux travaux d'ethnographes spécialistes du terrain, notre analyse pourra servir de point de départ à des études plus poussées.
*Les mots qui nous manquent, Yolande Zauberman et Paulina Mikol Spiechowicz