-Les noirs! Un élève de CM1
Résumé
Libreville, capitale du Gabon, en Afrique Equatoriale. Composé de 80% de forêts pour la plupart primaires, le Gabon a depuis les années 2000, orienté sa politique résolument vers la protection de son environnement encore bien préservé, notamment avec la création de 13 parcs nationaux, représentant 10% du territoire national : c’est le Gabon Vert. Des écogardes et écoguides ont ainsi été formés pour promouvoir et assurer la protection de ce patrimoine forestier et côtier.
Cependant, avec seulement 13% des habitants vivant en zone rurale et plus de 50% d’entre eux vivant dans la ville de Libreville, peu de Gabonais ont eu l’occasion de sortir de la ville et de profiter de ces parcs. La forêt reste pour beaucoup de personnes, empreinte de nombreux mythes, croyances, peuplée d’esprits maléfiques et de génies et inspire à ce titre une crainte profonde.
Pour notre première école au Gabon, nous sommes donc allés à Lalala, un quartier du Sud de Libreville pour rencontrer les enfants de l’Institut Léon Mba.
L’Ecole privée, fondée par Christiane Mba il y a quelques années s’est développée rapidement autour de nombreux nouveaux projets portés avec dynamisme et ambition pour permettre aux enfants d’avoir un éveil culturel et de bénéficier d’une éducation de qualité. Une bibliothèque rassemblant quelques milliers de livres permet aux enfants de consulter ou emprunter des livres. Elle sera ouverte prochainement à toutes les personnes du quartier. L’école couvre de la maternelle jusqu’au lycée, et compte aujourd’hui plus de 450 élèves.
Notre arrivée avait été méticuleusement préparée et l’ensemble du matériel demandé dans nos fiches était prêt. Le travail en amont de Nadia, notre partenaire au Lion Club Harmonie Libreville, et le professionnalisme de cette école nous a permis de mettre en place les ateliers en toute sérénité.
Sauf que…
Le système éducatif est actuellement en crise au Gabon. Le jour de notre arrivée, une manifestation étudiante a démarré pour continuer dans les jours suivants par plusieurs heurts et a abouti sur la décision du Ministère de fermer l’ensemble des écoles du pays jusqu’à nouvel ordre. Les raisons de cette crise sont multiples, et nécessiteraient une analyse plus profonde. Néanmoins, il semblerait que certains facteurs soient prépondérants. Les sureffectifs dans des classes d’école publique pouvant atteindre 100 élèves, le retard de paiement des instituteurs, pouvant aller jusqu’à plusieurs années, la crise économique poussant les parents à retirer leurs enfants des établissements privés, et enfin, la mesure qui a mis le feu aux poudre, la modification des conditions d’attribution des bourses scolaires, qui n’étaient plus honorées depuis plusieurs années.
Nous avons donc décaler la date de nos interventions, et avons réussis à rassembler tout de même 75% d’une classe de CM1 pour les ateliers.
On se rend compte rapidement que ces enfants de Libreville, ont peu de connaissance sur leur environnement, sur la forêt, l’air, la pollution. Une exception cependant, leur connaissance de la faune sauvage nous surprend. Panthères, crocodiles nains, mambas noirs, vers de Cayor, civettes,… La viande de brousse est en effet un met très apprécié des Gabonais, peu regardant sur les restrictions concernant les espèces protégées.
On constate vite que les enfants de cette école ont l’habitude d’être stimulés, leur participation aux ateliers sera importante et constante sur les deux journées. Les enfants apprennent et retiennent vite les concepts que nous leur montrons. Quand une notion n’est pas comprise, ils n’hésitent pas à nous redemander, par exemple le rôle du phytoplancton.
Les enfants sont aussi taquins, se chamaillent beaucoup, se moquent les uns des autres. Mais en fin de journée, ils tiennent à nous faire en cadeau un livre rempli de dessins très touchant. Les parents, conviés à l’exposition, accueillent avec enthousiasme notre projet que les enfants se sont empressés de raconter à la maison.
Nous sommes également heureux du retour de l’enseignante, Mme Espérance, qui nous remercie pour ce qu’elle a appris, elle aussi, pendant ces 2 jours et souhaite que l’on reste en contact pour assurer une continuité.