- C'est l'ère coloniale ? Arthur, 11 ans
Résumé
Au bout du chemin de terre, surplombant le fleuve Komo et entourée de forêts se dresse Donguila, la superbe. Dans ce village que les années ont fini par isoler, la route devenant chemin puis simple piste cabossée, la vie s’est organisée pour ne pas s’y sentir abandonnée. En 1878 fut fondée la mission catholique de Saint Paul de Donguila qui donna naissance à ce petit village de pêcheurs.
Ici, l’air y est pur et le temps y parait comme suspendu, dans une cadence que l’on ne connait plus. L’impression première est celle de la quiétude, un mélange de douceur et d’harmonie face au spectacle grandiose offert par Dame Nature.
La mission est aujourd’hui à l’heure de la renaissance. Au fil des ans, les moines qui y habitaient ont été enterrés, l’internat des filles puis celui des garçons a dû être fermé. Mais l’an dernier pour le jubilé de la mission, et grâce aux efforts du nouveau curé, l’internat des garçons a rouvert ses portes.
Les vieilles bâtisses de la mission ont gardé un charme d’antan, même si la structure des bâtiments commence à s’affaisser comme un vieil homme fatigué. Seule l’église a été entièrement rénovée ainsi que les bâtiments de l’école. Au centre de la mission, trois manguiers centenaires, témoins de l’histoire Donguila, trônent toujours au milieu de la cour.
Ici vivent en internat 16 garçons, de 6 à 15 ans, confiés le temps de leur éducation, au Père Dimitri, gardien des lieux et serviteur de Donguila. Ils sont rejoints en journée à l’école par les enfants du village qui viennent grossir les rangs des classes de primaire peu bondées. On compte moins de 20 élèves par classe de deux niveaux. Le père Dimitri paie de sa poche les trois quarts de la scolarité des familles les plus défavorisées du village.
La journée des enfants est cadencée au rythme de l’église, et des sons de cloche. Messes, , nettoyage de la cours, école, repas, école, sieste, collecte de l’eau à la source, vêpres, repas, études puis enfin repos. Les journées commencent à 5 :50 et se terminent à 21 :30.
Le père Dimitri, est dévoué pour la mission et son village. Il répare la route après les grosses pluies, transporte avec son 4x4 les villageois vers la ville quand ils sont dans le besoin, va chercher de l’eau au puit, se rend au marché pour les courses alimentaires, et enfin, organise et anime la vie religieuse de la mission. Du coup, les internes sont souvent seuls, livrés à eux-mêmes pour leurs études, pour se coucher, ou aller chercher de l’eau.
Bien loin de l’enfant roi européen, ici les enfants n’ont que des couronnes d’épines à se parer. L’éducation est très stricte, souvent violente avec peu de place à l’empathie, au réconfort. Dans un désir d’égalité, de respect des règles et des autres, le climat crée par la crainte de la violence semble l’accentuer. Les enfants se plaignent de douleurs au ventre, d’insomnies d’avoir soif. Beaucoup ont des plaies qui s’infectent et leur fait mal. L’accès aux soins est compliqué si loin de la ville et des premiers médecins. Lors d’une expérience, nous avons illustré la pression en versant de l’eau sous pression dans une bassine. Les enfants se sont indignés que l’on gaspille de l’eau : « nous, on a soif monsieur Gordon».
Hors du temps et loin des autres, les enfants ont montrés une curiosité immense à notre venue qui venait pallier une méconnaissance du dehors et du monde. La forêt sert avant tout à couper le bois. Biodiversité, trous dans la couche d’ozone, recyclage, oxygène, tant de notions nouvelles pour ces enfants.
La lecture des lettres éthiopiennes qui leur été adressées a émus certains, ils se sentaient heureux que d’autres personnes aient pensé à eux, et cela leur « a fait du bien ».
On a été surpris de la difficulté de travail en groupe pour des enfants qui vivent ensemble en permanence. Nous avons constaté peu d’entraide et beaucoup de moqueries entre les enfants.
Au moment de partir, ils ont souhaité nous offrir des fleurs et nous ont fait des câlins. Nous leur avons demandé pendant deux jours de penser à l’environnement dans chaque geste, dans chaque action. En retour, Ils nous ont demandé simplement de penser à eux une fois parti.
Au-delà de l’expérience pédagogique et des réflexions sur l’environnement, nous avons vécu un rencontre humaine qui nous a beaucoup touchés et questionné.